coup de boule impromptu

Les pieds collés au pied de lit, recroquevillé, je m'étirais avec difficulté alors que j'avais grand mal à sortir de mon lit. Seulement, je m'étais fait tout un programme aujourd'hui, chose rare mais néanmoins motivante. J'étais l'une de ses personnes légèrement je-m'en-foutiste qui faisait tout à la minute, sans se préoccuper de la suivante. C'était certes périlleux dans certaines situations importantes, mais c'était beaucoup moins oppressant que de sans cesse se prendre la tête. C'était ce genre de personnes qui avait tendance à m'énerver, impulsif que j'étais. Le visage perdu dans l'oreiller, je daignais enfin me lever, sans conviction aucune.

Paré, je me trouvais à présent dans l'un des sites de plongée les plus magnifiques des Bahamas soit tout près de Treasure Cay Beach. Je plongeais, excité de savoir ce que j'allais pouvoir entrevoir dans les fonds marins. Si lors de mon enfance, je n'avais pas été particulièrement fan de l'eau à cause de la hantise de ma mère face à cette force incontrôlable, aujourd'hui je m'en délectais. Il était tellement appréciable de plonger, c'était une sorte d'échappatoire au monde terrestre avec tous ces êtres vivants tellement différents, totalement apaisant. C'était dans cet esprit que j'étais, d'une sérénité sans équivoque. Les poissons nageaient autour de moi, alors que l'un de attirait particulièrement mon attention: ses couleurs chatoyantes enjolivaient ce fond turquoise légèrement sombre. Je le suivais de la tête, alors que je continuais d'avancer à l'aveuglette. Puis je me cognais violemment le crâne. D'un geste instinctif je me grattais légèrement la tête et me retournais, voir la chose que j'avais cogné. Hm! En effet c'était une sacrée chose que j'avais tapé là. Elle avait visiblement les mêmes projets que moi pour sa journée, génial! Calisse Anna Jones était une fille qui semblait à première vue tellement douce et fragile, qu'il en était presque touchant. Néanmoins, cette douceur incomparable s'effaçait très rapidement lorsqu'on la connaissait: sa fierté était dure comme du fer, et si l'on y touchait de trop près, alors elle était affreusement coriace. C'était une de ses plantes carnivores: splendide à regarder mais dont il ne faut pas chercher à percer le secret, sous peine de devenir le bouc émissaire. Pourtant, je l'appréciais, c'était une attirance tout aussi charnelle que mentale. Cette attirance avait surgi alors que j'avais dix-huit ans, lors de ma première excursion aux Bahamas entre amis,cette attirance aurait pu réellement prendre forme si je n'avais pas été totalement saoul. C'était idiot de ma part d'avoir fini si plein que ça, je l'avais d'ailleurs senti passer lorsque Calisse s'était ouvertement fichue de moi, les trois semaines suivantes. Cela permettait néanmoins que l'on se parle et que l'on se cherche. Inconsciemment j'avais aimé notre relation qui avait cessé net dès lors que j'avais levé le pied des Bahamas. Aujourd'hui, on se retrouvait là, dans les fonds marins, et notre orgueil faisait que l'on rejetait la faute sur l'autre, avec l'air totalement con. Je m'approchais vivement d'elle, histoire de l'agacer un peu plus alors qu'un sourire narquois se dessinait sur mes lèvres. Et je la voyais disparaitre de mon champ de vision, aussi rapidement qu'un poisson. Je partais également, content de l'avoir agacé. C'était un total hasard que l'on se fusse croisés là, un foutu hasard même puisque j'avais décidé de passer ma journée seul. Visiblement, elle aussi et nous ne voulions pas échapper à cette solitude, ni l'un ni l'autre.

Je plongeais encore un peu, admirais quelques instants ces créatures aquatiques puis remontais à la surface. Je nageais jusqu'au petit bateau que j'avais loué et me rendais sur la plage. Je voulais m'allonger, tranquillement et dorer au soleil. Coupant le moteur, je laissais tremper encore un peu mes pieds dans l'eau, admirant l'horizon puis me rendais sur la plage. J'avais tout prévu pour ce voyage en solitaire, et c'était pourquoi je me rendais vers un endroit peu fréquenté, soit vers les rochers avec néanmoins beaucoup de soleil. Mes affaires en main, je sifflotais alors que je me rendais dans mon petit havre de paix. Néanmoins, telle ne fut pas ma surprise lorsque je vis une jeune femme de dos, installée ici. Je la reconnaissais parfaitement, et à ce niveau là ce n'était plus le hasard mais une foutue malédiction. Ma journée était gâchée! Elle se retournait alors qu'un sourire faux animait mon visage. « Tu veux vraiment qu'on couche ensemble sur une plage de sable fin, Calisse? Alors évites les collisions en pleine mer. » Je savais que la réponse était non, mais je savais aussi très bien que ce côté vaniteux que j'arborais en disant cela, l'énervait d'avantage que notre collision quelques minutes auparavant. Qu'il était bon d'être au soleil!